Une médaille représente une réussite, un accomplissement pour un sportif à la suite de performances individuelles ou collectives. Si en plus, celle-ci est accompagnée d’un ruban aux couleurs de son pays, ce dernier n’en sera que doublement heureux. Or, j’ai remarqué que des médailles aux cordons d’autres couleurs que le vert, jaune et bleu (couleurs du drapeau gabonais) sont très souvent données aux sportifs gabonais. Dès lors, je me demande comment on peut en arriver là. Comment nos autorités peuvent-elles donner ces médailles aux sportifs gabonais ?
L’origine de cet article
En fin de saison dernière, j’ai été approchée par de jeunes sportifs qui ont reçu des médailles au cordon bleu, blanc et rouge : les couleurs de la France. Ils disaient s’être sentis bernés et déshonorés. Pourtant, recevoir une médaille devrait relever d’un grand bonheur pour un sportif.
Aussi, cette situation m’a-t-elle rappelé cette médaille de karaté accrochée au mur de ma chambre. Elle m’a été remise en 2015 à l’issue d’un tournoi de football. Je m’étais sentie ridicule à la place des organisateurs.
Les causes de cet amalgame
Dans de nombreuses disciplines, l’on peut voir des médailles aux couleurs d’autres pays données aux sportifs gabonais. Ce qui les frustre. Mais qu’est-ce qui peut expliquer cela ?
Le manque d’organisation
Selon le coach Gilles Gervais Ndong Bibang, coach du club de volley-ball « Variétés Volley-ball Association » et sélectionneur national, cela relève d’un manque d’organisation. Il a ajouté qu’on devrait remettre à nos sportifs les médailles qui leur parlent.
Effectivement, lorsque l’on organise une compétition ou que l’on prévoit d’en organiser une, on devrait se préparer en conséquence. L’achat des trophées, des médailles et de leurs cordons doit donc constituer une étape importante.
J’ai ensuite contacté Diego Ndoumbou Likouni, grand homme de football de notre pays et propriétaire du centre de formation Terre de Foot Gabon. Lui, il pense « totalement absurde » ce procédé.
La soif de reconnaissance
Comme eux, je pointe du doigt un manque d’organisation et de sérieux. Nous avons par exemple le cas des tournois organisés çà et là par des hommes politiques pour « faire parler d’eux ». Poussés par une envie irrépressible de reconnaissance, certains vont jusqu’à confondre des médailles de disciplines ou s’acheter les moins chères sur le marché. Les détails ne sont donc pas au centre de leurs préoccupations.
Les prix
Dans mon enquête, je suis d’abord allée au marché de Mont Bouët, plus grand marché de Libreville. Là-bas, j’ai trouvé deux magasins de sport. Et j’y ai fait une découverte surprenante. En effet, j’y ai trouvé plus de médailles aux cordons aux couleurs de France que celles au cordon vert, jaune et bleu. Si les premières coutent 2500 ou 2800 l’unité, les médailles aux cordons gabonais coutent, quant à elles, 3000 ou 3500 francs CFA l’unité.
L’un des vendeurs m’a alors confié que les services de douanes leur poseraient des problèmes avec les cordons gabonais. Ils seraient sommés de payer d’énormes sommes d’argents avec celles-ci. Par contre, les médailles au cordon bleu, blanc, rouge et bien d’autres couleurs entreraient dans notre pays sans trop de « complications ». Les prix bas de ces dernières favoriseraient donc leur choix par des organisateurs de compétitions peu soucieux du bien-être moral de la jeunesse gabonaise.
Les conséquences sur les jeunes
Les jeunes sportifs gabonais qui se sont rapprochés de moi m’ont fait comprendre leur désarroi. En effet, si les uns se sont sentis utilisés pour le scintillement de certaines personnalités, d’autres pointent du doigt un manque d’implication de leurs ligues et fédérations et se sentent dédaignés de celles-ci.
Ces jeunes m’ont semblé ébranlés émotionnellement. L’un d’eux me confiait que cette situation traduit à quel point le sport est négligé dans notre pays ; la jeunesse, abandonnée. De quoi décourager les quelques jeunes qui se lancent encore dans la pratique du sport, déjà rejetée par beaucoup, dans notre pays.
Le mépris des couleurs du drapeau gabonais n’est pas en reste. Comment un sportif peut-il se sentir fier d’être champion du Gabon en portant autour du cou une médaille avec un cordon aux couleurs d’un autre pays ? Quel message envoient-ils à ces jeunes ? Et le patriotisme ?
Quelques solutions à ce problème
Dans mes recherches, je n’ai pas vu un stock énorme de médailles au cordon gabonais à Mont Bouët.
Par contre, je suis allée au magasin CK2 du centre-ville. Là-bas, il y a des trophées et des médailles vierges. Un gérant m’a confié qu’on pouvait passer commande. Les médailles sont vierges. Alors, selon la discipline et après commande, la gravure des médailles s’effectue sur place.
De plus, dans notre entrevue, Monsieur Diego Ndoumbou m’a révélé fabriquer depuis 2018 des médailles pour plusieurs sports et des cordons aux couleurs gabonaises. Très ouvert, il est à votre disposition.
Enfin, j’ai sillonné la toile pour remarquer que les grands vendeurs en ligne comme « Alibaba », « Amazon », « Trophée Pas Cher » et beaucoup d’autres proposent également l’achat de trophées, de médailles et de rubans à moindre coût. Vous pouvez passer commande si vous tenez à prioriser le bonheur des jeunes gabonais.
Plusieurs autres solutions sont certainement à portée de main !
En somme, les Ligues, les Fédérations, les politiques et autres qui organisent des compétitions donnent des médailles aux rubans d’autres pays que le Gabon par manque d’organisation et d’implication. Cela relève également d’une négligence. Cette situation crée des frustrations chez les sportifs. En revanche, selon moi, si les médailles au cordon vert, jaune et bleu (couleurs du drapeau gabonais) se révèlent couteuses (surtout pour les petites compétitions), vous pouvez utiliser des cordons uniquement verts, uniquement jaunes et/ou uniquement bleus. Ceci serait moins gênant pour nous ! Néanmoins, je me demande pourquoi la confection de ces rubans est assez inactive dans notre pays.