Au Gabon, le sport féminin connaît un énorme retard. Depuis l’arrêt des compétitions en 2020 suite à l’avènement de l’épidémie de corona virus, il a pris un autre coup. Cet enlisement semble s’éterniser d’autant plus que les autorités compétentes n’y témoignent pas un grand intérêt. Contrairement au sport masculin, le nôtre est aux abois. Que ce soit sur le terrain ou en dehors, les femmes ont du mal à se faire une place dans le domaine sportif. De ce fait, en cette année 2022, après deux années d’arrêt, la pratique du sport a retrouvé ses droits au Gabon. Dès lors, quelle place est réservée au sport féminin dans ce « nouveau départ » ? Comment sortir de cette apathie ?
Un « pourquoi » s’impose pour commencer
Depuis plusieurs années, les femmes sont autorisées à pratiquer le sport dans le monde entier. Par contre, cette « faveur » n’est pas du goût de tout le monde. En effet, en plein XXIe siècle, il est courant d’entendre par ci « la place de la femme est à la cuisine », par là « elles sont musclées ou lesbiennes ». Ce, même en plein match ou en salle de sport. Le pire est que ce sont des hommes et des femmes qui tiennent ces propos. De telles pensées moyenâgeuses contribuent à favoriser la mise à l’écart des femmes dans le milieu sportif.
De plus, nos cultures ne favorisent pas le soutien pour les femmes dans le sport. En fait, dans nos us et coutumes, la femme était éduquée à la cuisine. Elle recevait une éducation dite « féminine ». Seul le jeune homme pouvait se montrer en public, se promener, pratiquer des activités à consonances sportives. Or, à mon avis, si dans le siècle présent la femme doit retourner exclusivement en cuisine, il faudra abandonner nos nouvelles technologies qui sont des éléments du modernisme.
La responsabilité du quatrième pouvoir n’est pas à exclure. En effet, les médias font la part belle au sport masculin. Le sport féminin est négligé au Gabon. Pourtant, les médias détiennent un pouvoir incommensurable ! Il suffit de mettre en avant une structure, une personne, un ordre d’idées pour que celui-ci prenne de l’ampleur. Nous le voyons bien avec certains hommes politiques, inconnus au bataillon au départ, devenus très connus grâce à quelques apparitions dans certains médias. Ce point nous conduit vers le nerf de la guerre qui est l’argent.
L’argent par-dessus la femme sportive au Gabon ?
À mon avis, le faible rendement des compétitions féminines est à l’origine de la place dans l’ombre réservée à la femme dans le sport au Gabon. En effet, les matchs féminins attirent moins de spectateurs et téléspectateurs. Cette faible visibilité éloigne de potentiels sponsors. La conséquence directe est la diminution des droits médias et, par ricochet, de la rémunération des sportives (Pour les rares rémunérations existantes). Toutefois, est-ce une raison suffisante de marginaliser les femmes ?
Cette discrimination de genre est même criarde sur les réseaux sociaux où des publications en lien avec des sportifs masculins connaissent beaucoup plus d’engouement. Celles relatives aux femmes passent même quelquefois inaperçues. Avec peut-être les exigences des algorithmes de ces réseaux, les médias sociaux également n’offrent pas une place de choix au sport féminin gabonais.
Notons quelques « comment » !
Selon moi, les autorités doivent se retrousser les manches afin de mettre en lumière la femme à travers le sport au Gabon. Contrairement à ce que pensent certains, les femmes ont beaucoup à apporter à notre pays dans ce domaine. Personnellement, je ne pratique pas le judo. Mais, pourtant, ce sont les prouesses de la légende Mélanie Engoang qui m’ont séduite. De plus, j’aimais voir ma nièce (beaucoup plus âgée que moi) Léocadie Ntsame Nguema, ex internationale gabonaise, dribler mes oncles au village et porter sur son dos toute une équipe féminine de ce hameau, pendant les grandes vacances.
De plus, il est important de médiatiser les figures de proue actuelles du sport féminin gabonais en l’occurrence Sarah MAZOUZ (judo), Géraldine ROBERT (basketball), Urgence MOUEGA MOUEGA (taekwondo), Célestine AVOMO ELLA (tennis)…Ce qui donnerait de bonnes idées à certains parents. Car, il faut le dire, les parents sont réticents à l’idée d’envoyer leurs fillettes pratiquer le sport. Soit, ils craignent une masculinisation de leur physique, soit c’est par crainte de leur avenir sur le plan financier. En plus, certains ont parfois besoin d’exemples, de preuves de réussite via le sport.
Encore l’argent ?
En parlant de finances, l’Etat devrait mettre l’accent sur la formation, aider certains clubs financièrement pour rémunérer les sportives. Il est également important de médiatiser le sport féminin afin d’ attirer les sponsors. Médias classiques et médias sociaux devraient s’y mettre. La tâche s’annonce difficile mais il faut y croire pour parvenir à des résultats satisfaisants. Mais nos dirigeants y croient-ils ?
Encore faut-il lancer les activités ! En ce mois de mai 2022, le championnat de football masculin a été lancé. Jusque-là, silence radio sur le féminin. Seules quelques équipes féminines participent au tournoi scolaire et universitaire. Les autres se contentent de matchs amicaux. Le championnat de football féminin se jouera-t-il ?
Quelques lueurs dans le sport féminin au Gabon
J’aimerais louer le travail des fédérations de basketball et de taekwondo qui s’attèlent, tant bien que mal, à faire rayonner le sport féminin dans notre pays. Entre les nombreuses formations des tout petits pour assurer la relève, les organisations de compétitions chez les jeunes, l’organisation de championnats et tournois chez les seniors et la régularité des équipes nationales séniors, je vous tire mon chapeau.